Alain Delon : Filmographie Complète, Analyse et Rôles de Légende
À RETENIR : L’essentiel sur la carrière d’Alain Delon
- Alain Delon a tourné dans plus de 90 films, marquant l’histoire du cinéma français et international.
- Ses collaborations avec Jean-Pierre Melville (Le Samouraï) et Luchino Visconti (Le Guépard) sont des sommets artistiques.
- Il est le seul acteur à avoir réussi la transition parfaite entre le cinéma d’auteur exigeant et le polar populaire grand public.
- La filmographie de l’acteur est marquée par une dualité constante : une beauté angélique cachant une froideur létale.
- Il a obtenu le César du meilleur acteur en 1985 pour Notre Histoire de Bertrand Blier.
Parler de la filmographie de l’acteur Alain Delon, c’est ouvrir le grand livre du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle. Bien plus qu’une « gueule » ou qu’un sex-symbol, Alain Delon a construit une carrière d’une cohérence rare, naviguant entre la France, l’Italie et Hollywood. De ses débuts timides à son sacre en tant que producteur tout-puissant avec Adel Productions, retour sur le parcours d’un fauve solitaire.
Sommaire
- La genèse : De l’inconnu à la révélation (1957-1959)
- Le tournant Plein Soleil : La naissance du mythe
- L’ère italienne : La noblesse chez Visconti
- Le Samouraï et Melville : L’abstraction du polar
- Delon et Romy Schneider : L’amour tragique à l’écran
- Le duel au sommet : Delon contre Belmondo
- Tableau complet : La filmographie chronologique
- Foire Aux Questions
La genèse : De l’inconnu à la révélation (1957-1959)
Avant de devenir une icône, Alain Delon revient d’Indochine, sans formation théâtrale, traînant son ennui à Saint-Germain-des-Prés. C’est son physique, mélange troublant de virilité et de traits fins, qui attire l’attention. C’est l’épouse du réalisateur Yves Allégret qui le repère. Elle convainc son mari de lui donner sa chance.
Dans Quand la femme s’en mêle (1957), il prononce ses premiers mots. Allégret lui donne un conseil qui façonnera toute la carrière d’Alain Delon : « Ne joue pas, sois toi-même. Regarde comme tu regardes, parle comme tu parles ». Ce naturalisme, opposé au jeu théâtral de l’époque, devient sa marque de fabrique.
Dès l’année suivante, dans Sois belle et tais-toi, il croise pour la première fois un certain Jean-Paul Belmondo. Ils sont jeunes, ils sont rivaux, et ils ne savent pas encore qu’ils vont se partager le trône du box-office français pendant trois décennies.
Le tournant Plein Soleil : La naissance du mythe
En 1960, le réalisateur René Clément offre à Delon le rôle qui va tout changer : Tom Ripley dans Plein Soleil. Adapté d’un roman de Patricia Highsmith, le film est une révolution.
Jusqu’alors, les jeunes premiers étaient sympathiques. Ici, Alain Delon incarne un faussaire, un menteur et un meurtrier. Pourtant, le spectateur est fasciné. Face à un Maurice Ronet arrogant (qui deviendra sa victime de prédilection au cinéma) et une Marie Laforêt éthérée, Delon impose une présence animale.
La critique est unanime. Ce film propulse la filmographie de l’acteur à l’international. Il prouve qu’il peut porter un film sur ses seules épaules, transformant son visage d’ange en masque de la mort.
L’ère italienne : La noblesse chez Visconti
Si la France a révélé sa beauté, l’Italie va révéler son âme tragique. Le maestro Luchino Visconti voit en Delon bien plus qu’un petit voyou français. Il l’engage pour Rocco et ses frères (1960). Delon y est Rocco, un saint, un homme pur qui se sacrifie pour sa famille, boxant contre son gré pour sauver ses frères. La scène de retrouvailles avec Annie Girardot sur le toit du Duomo de Milan reste un moment d’anthologie.
Trois ans plus tard, Visconti le rappelle pour Le Guépard (1963), Palme d’Or à Cannes. Aux côtés de Burt Lancaster et Claudia Cardinale, Delon incarne Tancrède, l’aristocrate opportuniste et séduisant. Il porte le costume d’époque avec une aisance naturelle, prouvant son immense versatilité.
Le Samouraï et Melville : L’abstraction du polar
C’est la collaboration qui a défini l’image « graphique » de Delon. Le réalisateur Jean-Pierre Melville a épuré le jeu de l’acteur jusqu’à l’os. Dans Le Samouraï (1967), Alain Delon devient Jef Costello. Pas de dialogue inutile, pas d’émotion visible. Juste un trench-coat, un chapeau, et un rituel méticuleux.
Ce rôle a influencé des générations de cinéastes, de John Woo à Quentin Tarantino. Delon y perfectionne son regard bleu acier, froid comme une lame. Melville et Delon continueront leur exploration de la solitude masculine avec Le Cercle Rouge (1970), où il partage l’affiche avec Bourvil et Yves Montand, et enfin Un Flic (1972) avec Catherine Deneuve.
Regardez cette analyse vidéo pour comprendre comment Delon occupe l’espace sans parler :
Delon et Romy Schneider : L’amour tragique à l’écran
Impossible d’évoquer la filmographie de l’acteur sans parler de Romy Schneider. Ils furent fiancés à la ville, mais c’est à l’écran que leur alchimie a été immortalisée. En 1969, alors que la carrière de Romy est au point mort, Delon impose sa présence au réalisateur Jacques Deray pour le film La Piscine.
Le résultat est un huis clos sensuel et vénéneux sous le soleil de Saint-Tropez. Face à eux, encore une fois, Maurice Ronet. Le film est un triomphe. Il marque les retrouvailles de deux êtres qui se sont aimés et qui se comprennent d’un regard. Romy fissure l’armure de Delon, apportant l’émotion brute qui manque parfois aux personnages froids de l’acteur.
Le duel au sommet : Delon contre Belmondo
Les années 70 et 80 sont marquées par la rivalité commerciale avec Jean-Paul Belmondo. Alors que « Bébel » s’oriente vers la comédie d’action et les cascades, Delon creuse le sillon du polar sombre et du thriller politique. Il produit ses propres films via sa société, contrôlant tout de A à Z.
Leur réunion dans Borsalino (1970) de Jacques Deray est un événement national. Le film joue sur leur dualité : Belmondo le solaire contre Delon le lunaire. Ils se retrouveront bien plus tard, avec nostalgie, dans Une chance sur deux (1998) de Patrice Leconte, aux côtés de Vanessa Paradis.
Cette période est aussi celle des rôles de « justicier solitaire » (souvent critiqués pour leur ambigüité politique) comme dans Parole de Flic ou Ne réveillez pas un flic qui dort.
Tableau complet : La filmographie chronologique d’Alain Delon
Voici une sélection exhaustive des œuvres majeures pour naviguer dans la filmographie de l’acteur. Ce tableau reprend les rôles clés qui ont bâti sa légende.
| Année | Titre du Film | Réalisateur | Rôle & Note |
|---|---|---|---|
| 1957 | Quand la femme s’en mêle | Yves Allégret | Jo (Premier rôle) |
| 1960 | Plein Soleil | René Clément | Tom Ripley (Le rôle fondateur) |
| 1960 | Rocco et ses frères | Luchino Visconti | Rocco Parondi |
| 1963 | Le Guépard | Luchino Visconti | Tancrède (Palme d’Or) |
| 1963 | Mélodie en sous-sol | Henri Verneuil | Francis Verlot (Duo avec Jean Gabin) |
| 1967 | Le Samouraï | Jean-Pierre Melville | Jef Costello (Icône absolue) |
| 1969 | La Piscine | Jacques Deray | Jean-Paul |
| 1969 | Le Clan des Siciliens | Henri Verneuil | Roger Sartet |
| 1970 | Borsalino | Jacques Deray | Roch Siffredi |
| 1970 | Le Cercle Rouge | Jean-Pierre Melville | Corey |
| 1976 | Monsieur Klein | Joseph Losey | Robert Klein (Rôle sombre et complexe) |
| 1984 | Notre Histoire | Bertrand Blier | Robert Avranches (César Meilleur Acteur) |
| 1990 | Nouvelle Vague | Jean-Luc Godard | Roger Lennox / Richard Lennox |
| 2008 | Astérix aux Jeux Olympiques | T. Langmann & F. Forestier | Jules César (Auto-dérision) |
Un moment de légèreté : Delon hors du polar
Bien que connu pour sa rigueur, Delon savait aussi lâcher prise, comme en témoignent ces images rares sur le tournage de Doucement les basses, où il montre une facette plus détendue de sa personnalité :
Foire Aux Questions
Voici les réponses aux questions les plus fréquentes sur la filmographie de l’acteur et sa vie artistique.
Quel est le tout dernier film d’Alain Delon ?
Son dernier grand rôle au cinéma est celui de Jules César dans Astérix aux Jeux Olympiques (2008), où il pratique une auto-parodie savoureuse. Il a fait une apparition plus tardive dans Toute ressemblance… (2019) mais s’est surtout retiré des plateaux.
Pourquoi Alain Delon a-t-il produit ses propres films ?
Dès la fin des années 60, il crée Adel Productions pour garder son indépendance artistique et financière. Cela lui a permis de choisir ses réalisateurs (comme Alain Cavalier ou José Giovanni) et de monter des projets risqués comme Monsieur Klein.
Quels acteurs américains Alain Delon a-t-il côtoyés ?
Outre Burt Lancaster, il a tourné avec Dean Martin dans Texas, nous voilà (1966) et Charles Bronson dans Adieu l’ami (1968), prouvant sa capacité à s’exporter outre-Atlantique.